Trafic routier quotidien dans l’aire métropolitaine de Rouen
Le rapport, c’est ça :
- 1,2 millions TMJA en local (trafic interne, Métropole + CASE) ;
- 100 000 en trafic d’échange ;
- 50 000 en trafic de transit, dont moins de 10 000 poids-lourds.
Le trafic de transit, à 89,1%, franchit la métropole sur l’A13, sans passer par le centre de l’agglomération, à contrario des trafics d’échange et interne. Les flux de transit, c’est Est-Ouest. Et le matin, aux heures de pointe, c’est le trafic des poids-lourds qui livrent ou chargent dans l’aire métropolitaine.
Comprendre les déplacements et trafics interne, d’échange, de transit…
Qu’est-ce qu’un déplacement ? C’est une personne qui se déplace d’une origine à une destination, pour un motif donné, selon un mode de déplacement (automobile, transport collectif, marche à pied, vélo…).
Une personne qui effectue un trajet domicile-travail le matin, puis se rendra à pied au restaurant à midi, reviendra à pied du restaurant, effectue un trajet travail-domicile le soir, aura effectué 4 déplacements, 2 en VL et 2 en MAP (marche à pied).
L’aire étudiée est la Métropole Rouen Normandie (incluant Elbeuf et Austreberthe) et l’agglomération Seine-Eure.
Le deux enquêtes ménages déplacements (2007 et 2016) ont été réalisées sur la même aire d’étude, incluant les aires urbaines de Rouen et du Trait (au 1er janvier 2010 – sens INSEE) + C.A. Seine Eure, afin de reproduire l’exercice de l’EMD 2007, et analyser l’évolution des déplacements.
Attention : sur le site de la métropole, on ne constate pas le chiffre de 1.169.000 déplacements en VL pour l’EMD. (Métropole Rouen Normandie – Enquête Ménages – Déplacements). Ce chiffre ne concerne que la Métropole Rouen Normandie. Le chiffre est donc de 874 000 déplacements véhicules particuliers conducteurs (VPC).
Il n’inclue pas, par exemple, les déplacements domicile-travail entre l’agglomération Seine-Eure et Rouen.
Les enquêtes ménages déplacements sont complétées par des enquêtes cordon, qui permettent de compter les véhicules (VL + PL) qui transitent par l’aire étudiée, ou sont en échange avec elle. Des sondages auprès des conducteurs permettent de différencier les véhicules en transit et en échange, et de connaître les origines et destinations des véhicules.
2 enquêtes cordon ont été réalisées, l’une en 1997, l’autre en 2016, ce qui nous permet de contrôler l’évolution des trafics sur 20 ans.
Que sont les trafics interne, d’échange et de transit ?
- le trafic de transit : c’est celui dont les véhicules ont l’origine ET la destination en dehors de la zone étudiée ;
- le trafic d’échange : celui dont les véhicules ont l’origine à l’intérieur de la zone étudiée et la destination à l’extérieur de la zone d’échange, et vice-versa ;
- le trafic interne (ou local) : celui dont les véhicules se déplacent à l’intérieur de la zone. Ce peut-être le trafic interne à l’agglomération, mais aussi Rouen-Louviers, Rouen-Elbeuf, des déplacements entre Elbeuf et ses communes avoisinantes, Louviers-Val-de-Reuil – bref, tous les déplacements qui ne quittent pas la métropole et l’agglomération Seine-Eure.
Les distances moyennes en voiture en ville :
A ce trafic local, il faut prendre en compte les pas de distance. C’est à dire les distances moyennes selon le mode.
Elles se cumulent selon le mode. Ainsi en automobile, qui représente la moitié des déplacements, 4,9% des déplacements automobiles font mois de 500 mètres, 12,8% (incluant les 4,9%) font moins de 1 kilomètre, 31,5% (incluant les 12,8%) font moins de 2 km. Etc, etc.
Et 53,2% utilisent l’automobile pour des déplacements de 3 km à 4 km. Des trajets pour lesquels il est facile de trouver de alternatives, et la vraie source de la congestion urbaine.
Ainsi, puisque l’étude prend en compte les seuls résidents de la métropole (hors CASE, etc), on compte 874.000 déplacements en automobile, dont la moitié – 437.000 – font entre moins de 500 mètres et 4 kilomètres. Et on cherche les raisons de la congestion urbaine ?
Ajoutez les transports dus aux livraisons et au développement du e-commerce, il faut se rendre à l’évidence : la congestion, c’est nous et nos modes de déplacements.
La solution n’est pas d’ouvrir une nouvelle autoroute qui ne fera qu’attirer de nouveaux trafics, mais d’offrir aux automobilistes la possibilité, attrayante, de trouver des alternatives plausibles et économiques.
Mais les politiques ont tendance à regarder ailleurs : ils aiment l’automobile et c’est leur moyen de déplacement pour la plupart, comme leurs électeurs. Donc, ils préfèrent investir dans le routier que dans la ville du futur. C’est à la fois plus profitable pour eux à court-terme, mais plus nuisible depuis des décennies. Et cela génère hostilité et colère.
Les cartes des types de trafic :
Les quatre cartes ci-dessus donnent une idée des différents trafics. Les trafics d’échange comme le trafic local montrent la prééminence du cœur de l’agglomération Rouennaise comme origine ou destination. C’est une cible à la fois pour l’emploi, le commerce et la culture.
Le contournement Est ressemble plutôt à la carte de la CCI, qui relie les ZACs en construction autour de la métropole (étalement urbain), dont on peine à constater les créations d’emplois, plutôt qu’à un réel besoin des habitants.
Le trafic de transit, lui, a ceci de particulier qu’il s’effectue dans son immense majorité sur un axe Est-Ouest : près de 90%.
La moitié de l’intérêt de l’autoroute, c’est de délester l’agglomération du trafic poids-lourds en transit. 1084 déplacements sur 1,36 million déplacements dans l’aire métropolitaine.
Le trafic automobile, utilitaires et poids-lourds, c’est 1.365.000 véhicules / jour.
Le trafic poids-lourds en transit c’est 9860 véhicules, dont 90% emprunte l’axe Est-Ouest (Caen, le Havre, Alençon, Ouest et Sud-Ouest <> région parisienne). 6% entre l’A28 nord et l’A13 et la RN154, et moins de 5% entre le Nord-Ouest et l’Ouest (qui n’ont pas lieu d’être détournés). Soit 1084 poids-lourds. C’est très peu, pour 1 Md € qui plus est.
Le trafic poids-lourds en transit entre l’A28 nord et l’A13/RN154 représente 0,082% du trafic VL et PL global.
Il y a tellement de zéros après la virgule qu’on ne peut pas se permettre d’arrondir à 2 décimales après la virgule.
Ce n’est pas ce trafic de transit qui créée la congestion, surtout aux heures de pointe, étant donné qu’ils proviennent de l’extérieur de l’aire étudiée, et doivent livrer ailleurs, à heure convenue, en “just in time”.
Au mieux, on ne pourrait qu’attirer de nouveaux trafics, qui viendraient s’appliquer au trafic existant. Donc, on ne ferait qu’aggraver la situation.
Et c’est sans compter le taux d’évasion : seuls les poids-lourds en transit entre l’A28 nord et l’A13 (direction Paris) et la RN154 seraient concernés par les interdictions de circulation.
Mais les doutes sont nombreux sur le taux d’évasion de ceux-ci :
L’interdiction de circulation des PL sera-t-elle respectée ? On peut penser
Rapport d’enquête publique liaison A28-A13
que le taux d’évasion sera identique aux 15% constatés dans des cas semblables[…]
Et dans le cas cités où l’on constate 15% d’évasion, il s’agit de poids-lourds bravant l’interdiction de circulation de tous les poids-lourds.
Lors des travaux du tunnel de la Grand Mare, l’interdiction est prononcée de traverser le tunnel la nuit.
Un itinéraire de substitution (S1-S2) a été établi, passant par Bihorel, et un itinéraire a été conseillé pour les PL, empruntant l’A29, l’A150, le pont Flaubert à Rouen puis la RN338.
Vu le coût du péage pour un PL (20€), la préconisation n’a pas été respectée, et des centaines de PL ont continué d’emprunter la déviation en ville chaque nuit.
Selon la Dirno, près de la moitié des PL passe par l’itinéraire conseillé, il resterait environ 600 PL passant par la ville, soit un taux d’évasion d’environ 50%.
Il faut tenir compte de la tranquillité des riverains et il faut préserver l’aspect économique [20€ de péage et carburant supplémentaire, NdR]
DIRNO – Direction Inter-départementale des Routes Nord-Ouest
Et pourtant il semble que ces interdictions de circulation seraient indispensables.
Les mesures de restriction de circulation des PL annoncées par la DREAL sont indispensables à un bon report du trafic de transit, principal objectif de cette infrastructure.
pages 4 et 27 – éléments de conclusion – pièce K, avis du CGI
Et encore une fois, ce sont les enquêteurs qui doutent des moyens mis en oeuvre pour rendre effectifs ces contrôles.
La commission tient à faire remarquer qu’il faudra renforcer les moyens des contrôles et qu’en particulier des aires de rétention des PL pendant les contrôles soient installées sur les pénétrantes majeures. Le problème du financement de ces zones d’arrêt sécurisées des PL n’est pas évoqué, ce qui semble dommage.
rapport d’enquête publique, p.160
Mais comme si cela ne suffisait pas, ces interdictions ont fait l’objet d’étranges tours de passe-passe dans les documents officiels, pourtant censés être gravés dans le marbre. Ils évoluent pourtant avec le temps, et se modifient au fil des recours :
Le contournement Est de Rouen, c’est plus de 1 millard € ttc pour délester 0,08% du trafic global de l’aire étudiée, en détournant le trafic de transit Nord-Sud actuel – 1084 PL – sans se donner les moyens de contrôler le trafic de transit.
Tout le monde comprendra que ce n’est pas les 1000 poids-lourds en transit que l’on pourrait détourner, si on y mettait le paquet côté contrôle, qui feraient la différence.
Si l’on soustrait 1000 poids lourds à 1.365.000 véhicules qui se déplacent dans l’aire métropolitaine, il reste 1.364.000 véhicules, automobiles, utilitaires, et poids lourds. Le problème reste entier. Si l’on ajoute de nouveaux flux de poids-lourds en transit, afin de délester Paris comme l’a demandé la CCI, ou bien d’attirer de nouveaux trafics d’échange, comme le souhaite la Région, la congestion n’en sera qu’aggravée, surtout rive gauche, à partir du rond-point des vaches.
Bien sûr, les flots de poids-lourds encombrent encore trop les pénétrantes, mais c’est presque entièrement du trafic local ou d’échange, surtout sur les heures de pointe. Le matin, c’est l’heure de livraison ou de chargement. C’est donc de la desserte locale. Et la desserte locale n’est pas concernée par les interdictions de circulation. La logique économique incite donc les poids-lourds à emprunter la route la plus directe et la moins chère.
On peut le constater dans “l’évaporation” des poids-lourds sur l’A150 au moment de prendre le péage : 3816 PL sur l’A150 dans sa partie gratuite, puis 653 dès le premier péage, et même 462 PL sur le tronçon entre Écalles (où l’on a des sorties vers la RD6015 et la RD 929) et l’A29 (payante). Sont-ils enlevés par des extra-terrestres ou bien choisissent-ils les itinéraires les moins chers ?
Y a-t-il des solutions pour décongestionner la circulation, et particulièrement sur les pénétrantes ?
Oui :
- Ne pas attendre une hypothétique autoroute à péage à l’écart de l’agglomération pour mettre en place des interdictions de circulation : celles qui figuraient dans le dossier d’enquête publique pourraient être mises en place aujourd’hui, obligeant les poids-lourds à emprunter les voies autoroutières, et non les départementales. On constate que le trafic poids-lourds qui empruntent l’A150 dans sa partie gratuite s’effondre dans sa partie payante : les poids-lourds ne veulent pas s’acquitter du péage. Il faut donc établir des interdictions de circulation aux poids-lourds pour les obliger à emprunter les autoroutes, au lieu de surcharger les routes gratuites ;
- Ne pas attendre de finaliser ce pseudo contournement Est de Rouen pour réaliser les accès du pont Flaubert, prévoyant un accès pour les poids-lourds vers le boulevard maritime. On peut séparer les flux VL et PL : aux premiers sera réservée la SUD III, les seconds devront emprunter le boulevard maritime, leur favorisant ainsi les accès au port. La voirie du boulevard maritime devra être rénovée pour faciliter leur confort ;
- On comprend bien que cela ne résout pas la congestion urbaine générée par la quantité d’automobilistes qui emprunte les mêmes routes aux mêmes moments, notamment pour les déplacements domicile-travail. Plus les foyers s’éloignent de la ville, et plus les déplacements augmentent. Tous les moyens doivent être engagés pour réduire le nombre de déplacements en automobile, à condition de proposer des solutions :
- Lutter contre la périurbanisation des foyers et des entreprises, ce qui éloigne encore plus l’employé de sont lieu de travail ;
- Offrir de vraies solutions alternatives de transport : au lieu de fermer les petites gares, donner la possibilité d’emprunter des transports collectifs (train, BHNS, bus, navettes…) en garantissant le cadencement horaire, l’amplitude horaire, les correspondances, et des arrêts proches des besoins des utilisateurs, une forte baisse tarifaire sur les abonnements et cartes 10 voyages pour fidéliser les usagers ;
- Remettre en service la ligne Rouen-Évreux : il n’y a pas d’alternative à la route, avec la seule RN154 qui accueille 27800 véhicules/jour ;
- Engager une vraie politique de transport fluvial, en s’engageant vers des flottes de navires fluvio-maritimes.
- Engager le doublement Paris-Mantes, nécessaire à toute la Normandie ;
- Construire la Gare de Rouen Rive Gauche et assurer le raccordement en amont de Malaunay ;
- Plus de places pour les vélos dans les rames ;
- Plus de parkings-relais avec des solutions de rabattement efficaces et peu coûteux ;
- Inciter les entreprises et administrations à organiser le covoiturage, le taux d’occupation moyen pour les motifs domicile-travail est inférieur à 1,2 ;
- De la place – sécurisée – au vélo en ville, entre la ville et les communes voisines, et entre les villes.
Nous vous invitons à venir en discuter lors de cette grande fête les 22 et 23 juin contre le pseudo “contournement Est” : la fête des noisettes dans l’engrenage !