Contournement Est et eau potable de la métropole de Rouen.
Lors des réunions de restitution aux associations, pendant la concertation recommandée et l’enquête publique, le maître d’ouvrage a répondu succinctement aux interrogations du public et des associations. Les interrogations portaient sur les trafics et les gains de temps, sur la protection de biens communs comme la protection de la biodiversité, de la qualité de l’air avec des effets de la pollution sur la santé, une eau potable avec un maintien quantitatif et un retour qualitatif nécessaire, une qualité de vie à retrouver.
« On sait faire ! »
c’est ce leitmotiv de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement que vous pouvez encore entendre dans les vidéos de l’enquête publique.
Les associations dont la fédération FNE-Normandie tiennent compte des observations relevées dans les différentes instances consultatives où elles participent, le constat est alarmant quant à la pérennité des biens communs. Aussi, au-delà des remarques portées dans le recours au Conseil d’État, les associations s’interrogent sur les solutions retenues par le maitre d’ouvrage. En effet, le bien fondé des arguments est contesté par les actions d’autres instances ou collectivités concernées et les décisions rendues par les tribunaux. Ainsi, la Cour d’appel de Douai a donné raison aux écologistes qui s’opposent à la déviation d’Évreux. En conséquence, le chantier ne reprendra pas avant deux ans. Le jugement de Douai oblige les acteurs à prendre en considération la loi sur l’eau qui conditionne une partie des travaux.
Alors que l’eau potable reste un enjeu majeur pour la métropole rouennaise, le maître d’ouvrage s’est affranchi des avertissements, recommandations et préconisations portées par des cabinets d’expertise missionnés, lors de l’élaboration des différents scénarios pour une infrastructure, du schéma directeur de l’agglomération Rouen Elbeuf, et de l’Agence de l’Eau.
La turbidité, des eaux brutes sur les nombreuses aires d’alimention des captages, provient principalement de la percolation des eaux de surface et des ruissellements. Les réponses, pour prévenir cet aléas, furent rapidement esquissées en évoquant la rétention par les bassins, une solution confortée et amendée par la commission de l’enquête publique.
Les événements tragiques qui se sont produits en vallée de l’Austreberthe pendant les travaux de l’A150, auraient dû conduire le même maitre d’ouvrage à plus de prudence dans les réponses apportées au public pendant l’enquête publique sur l’utilité du contournement . Une prudence qui lui avait déjà manquée avant ces événements survenus sur l’A150 malgré les interpellations et l’alerte de la fédération FNE Normandie.
Des réponses brèves suffisaient au maître d’ouvrage à évacuer le phénomène d’inondations récurrentes dans ces vallées étroites de l’Aubette, du Robec et plus au sud sur la vallée de l’Andelle. C’est ainsi pour ne pas révéler la complexité du système karstique fissuré, réservoir naturel et historique pour l’adduction de l’eau potable en métropole Rouen Normandie. Des risques éludés notamment pendant la concertation recommandée et la commission d’enquête, alors que la Dréal avait commandité, entre temps, une étude hydrogéologique complémentaire sur l’incidence du contournement Est sur le captage de Darnétal et de Fontaine sous Préaux.
Ce rapport confirme les potentielles sources de pollutions prouvées par les traçages de fluorescéine déversée en fond de bassin de rétention au Bois breton (Roncherolles sur le Vivier)… Un bassin aménagé pour réduire les ruissellements.
La présence d’une bétoire dans ce bassin complète les observations déjà portées par le Bureau de recherches géologiques et minières sur cette situation répétitive lors de la création de bassins (conclusions-Projet Odièvre).
Les risques existent bien !
L’Agence de l’Eau dans son cahier d’acteurs ( débat public -2005), s’interroge sur la pérennité de plusieurs captages, la commission d’enquête rappelle la vulnérabilité de la ressource. Elle reprend en cela, une incitation à la prudence portée par l’hydrogéologue membre de la commission du débat public, qui déplorait le manque d’ une alternative de tracé décalé de plus de 800 mètres. Ce commissaire relayait déjà les cabinets Horizon et Soderef et Sogelerg en 1997 et 1999. Des alertes pour ce tracé préférentiel existaient également en 1990 dans une thèse sur le système karstique .
Le simple fait d’introduire 1m3 d’eau dans cette Bétoire provoque 6,050 km à l’aval, une modification sensible de la qualité de l’Eau ! Ceci permet de mesurer la très grande sensibilité du système. Un tel phénomène n’a jamais été enregistré dans la région, mais représente un fait très significatif en matière de vulnérabilité des captages – karstiques – .
Thèse Hydrologie de la Craie, système aquifère karstique de l’Aubette – Gérard Rico
Ces mises en garde sont mises à jour et rappelées dans les études du BRGM avec le projet Odièvre, tout comme celle réalisée pour la métropole Rouen Normandie, une étude pour trouver de nouvelles ressources. Une recherche pour 50 000 m3, en prévision de sécheresse, aléas du réchauffement climatique provoqué en partie par les émissions de CO2 …CO2 émis à plus de 30% par les transports.
Une prudence pour un approvisionnement renouvelé qui ne tient pas compte des améliorations portées et à porter au réseau pour combattre les fuites dont les volumes sont similaires à ceux recherchés. les capacités techniques actuelles de production des captages sont supérieures au double des besoins pour une population dont la démographie restera stable sur plus d’une décennie.
Les préalables pour le choix des secteurs à prospecter pour ces nouvelles ressources, font état des projets économiques, le projet Odièvre et le contournement Est. Ces projets économiques sont convenus comme des menaces pour la qualité des eaux brutes prélevées sur les plateaux Est, en tenant compte à la fois des critères qualitatif et quantitatif. Des pollutions accidentelles et chroniques se cumuleraient aux pollutions agricoles.
La métropole pour parer à ces éventualités s’est engagé depuis plusieurs années dans un programme d’interconnexion, une option décriée par le Conseil Général au Développement Durable.
(Interconnexion : mélange des eaux contaminées avec les eaux « propres » au travers d’interconnexions de réseaux de production d’eau potable…)
[ l’interconnexion est ] une pratique qui n’est pas sans révéler un désarroi certain des collectivités locales concernées, pose de vraies questions éthiques et a tendance à se généraliser depuis quelques années.
CGDD, Doc. N°52 septembre 2011, Études et documents, page 12
Ainsi l’interconnexion entre le captage de La Chapelle, à Saint Etienne du Rouvray, et le Réservoir de Franqueville Saint-Pierre permettra de substituer demain une ressource plus éloignée nécessitant de recourir à une ingénierie dispendieuse :
- à des prélèvements d’eau brute – jugés aujourd’hui de bonne qualité après traitements -,
- à des prélèvements locaux sur des aires d’alimentation,
- à des captages localisés sur le tracé du contournement.
Une interconnexion pour un projet initial sur le réservoir des Vaubeuges ne prenait que les eaux des captages disponibles des vallées de L’Aubette et de l’Andelle.
D’année en année, le projet n’a cessé de subir des modifications :
Depuis 2014, il est prévu un apport des eaux de la Chapelle (dont les eaux brutes sont traitées à la suite d’une pollution industrielle et dont la pérennité de l’exploitation n’est plus assurée) ;
En 2017, nouvelle orientation en prévision d’un futur transfert d’eau venant d’un réseau à construire jusqu’au site choisi en nappe alluviale (Poses).
Cette suite de décisions incertaines montre bien la fragilité du système d’approvisionnement en eau potable.
La Dreal comme la Métropole devraient privilégier :
- la protection des ressources existantes ;
- les secteurs en zone karstique plus résilients du fait de leur capacité de recharge, et non pas les exclure purement et simplement pour des enjeux économiques tels que la création d’infrastructures. L’autoroute A133-A134 est un enjeu économique qui met en jeu la protection des biens communs, et d’abord l’accès à l’eau.
L’objectif du programme est donc de pouvoir, en cas de besoin, disposer à terme (horizon 10 -15 ans en considérant les autorisations et les travaux) d’une nouvelle ressource en eau sécurisée.
Rapport annuel de l’eau potable, Métropole Rouen Normandie – 2017
4 réponses
[…] Depuis, les cartes SIG ont été mises en lignes, et montrent le niveau de risque élevé pour les périmètres de protection, les captages et l’ea… […]
[…] maître d’ouvrage explique que l’infrastructure est respectueuse de la ressource en eau, parce qu’elle ne met pas en péril la captage de la Chapelle en cas de pollution non […]
[…] (et constate qu’il ne faut pas la faire), notamment pour les dégâts environnementaux (eau potable, […]
[…] ! Le territoire n’y a pas perdu son eau potable, ses 617 hectares de terres agricoles, de forêts, de prairies, et sans doutes maintenant, on va […]
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