Contournement Est de Rouen = Autoroutes à péage A133-A134

Patrick Berg, Dreal, sur la qualité de l’air suite à la catastrophe Lubrizol : la présence un peu élevée du niveau de particules à Rouen, c’est plutôt la circulation en l’absence d’un contournement

Contournement Est de Rouen = A133-A134, autoroutes à péage inutiles et imposées

Patrick Berg, Dreal, sur la qualité de l’air suite à la catastrophe Lubrizol : la présence un peu élevée du niveau de particules à Rouen, c’est plutôt la circulation en l’absence d’un contournement

la catastrophe Lubrizol à Rouen © @Stef Anie

Depuis le 26 septembre à Rouen, la qualité de l’air est habituelle, et le niveau élevé de particules est dû à l’absence de contournement Est :

En matière de surveillance environnementale, le premier aspect qu’on a donc surveillé, avec des mesures, et donc des résultats, c’est la qualité de l’air. Donc la qualité de l’air, on a eu immédiatement, dès le 26 septembre, de la part de l’Ineris, un modèle, ce qu’on appelle un modèle maximisant, c’est à dire, si tout Lubrizol avait brûlé intégralement, qu’est-ce qu’on aurait trouvé dans l’air, et donc il fallait surveiller.
On a eu rapidement la vision de ce qui avait effectivement brûlé, une zone de stockage et non la totalité de l’installation. Le point de vigilance, ça a été qu’on a trouvé, ce sont les pompiers qui l’ont trouvé pour sécuriser leur intervention sur site : à 12h38, entre le hangar 4 et 5 qui était en train de flamber, flamber beaucoup, un point un peu élevé de benzène. Air Normandie… c’est juste normal en cas d’incendie, c’est un composé imbrûlé d’un feu d’hydrocarbure, il est extrêmement rationnel qu’on trouve un point de benzène… Air Normandie a mobilisé des outils de mesure et son réseau de nez, et a trouvé également, dans les jours qui ont suivi, un point de benzène un peu élevé sur le site de l’incendie de Normandie Logistique, ce qui est également extrêmement rationnel, et a trouvé également un point de benzène aux abords de Seinalia, qui est un peu plus loin. ce point n’inspire pas d’inquiétude particulière, mais c’était un point de vigilance et un point de suivi. Air Normandie avait son réseau de capteurs permanents, qui n’était pas sous le panache, donc en fait, ils ont déployé des capteurs mobiles, et donc tous les jours, dès le 26 septembre, ils analysent les données avec des capteurs mobiles qui sont sous le panache, la qualité de l’air – bon, alors le qualificatif a été utilisé – est habituelle. Le point de vigilance supplémentaire que nous a indiqué Air Normandie, c’est sans doute que le jour de l’incendie, et peut-être le lendemain, il y a eu dans l’atmosphère de l’agglomération rouennaise diffusion de Zinc de phosphore et de soufre. On a eu un échange avec Air Normandie, ce point fera partie de la vigilance, à moyen et long terme, à la fois sur ces trois substance, ainsi que sous leur forme oxydée.
Donc, ça, c’est sur la qualité de l’air. A ce stade, donc tous les jours Air Normandie publie ses résultats, chacun peut constater que ces résultats sont normaux. Alors il y a parfois des données qui ne sont pas constitutives d’une qualité formidable. Par exemple, ça fait plusieurs jours qu’Air Normandie signale la présence un peu élevée du niveau de particules à Rouen, mais personne ne peut rationnellement rapporter ces particules à l’incendie, c’est plutôt la circulation, qui comme on le sait, en l’absence d’un contournement, est à Rouen extrêmement importante en centre-ville.
Donc ça, c’est sur l’air.

Patrick Berg, directeur de la Dreal Région Normandie, plénière Région le 14 octobre 2019

Devant des Conseillers régionaux parfois médusés, le Directeur de la Dreal, Patrick Berg, fait cette annonce : dès le premier jour du panache, la qualité de l’air est habituelle.

Et si cela ne suffisait pas, la Dreal, au demeurant maître d’ouvrage du contournement Est, assure que la présence un peu élevée du niveau de particules à Rouen depuis le 26 septembre est due à l’absence de contournement Est !

Les victimes de Lubrizol apprécieront leur manque de nez, et remercieront M. Berg de les avoir rassurés : à part un incendie et deux points de Benzène, la qualité de l’air était normale. Sans doute, les Rouennais doivent être hypocondriaques. Un peu sceptiques aussi.

Il y a eu des retombées de suies, d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), de métaux et de dioxine.

Toujours selon la Dreal :

Il y a des seuils d’émissions dans les installations classées (Lubrizol, mais pas Normandie Logistique, NdR), mais il n’y a pas de seuils dans l’environnement. Est-ce que les valeurs retrouvées sont constitutives du “bruit de fond”, des valeurs normales, ou de valeurs anormales ?

Sur les suies et les métaux, le seul élément qui a été trouvé était du plomb dans une école à Saint-Etienne du Rouvray. Mais étant donné que c’était dans la direction opposée du panache, on ne peut faire de lien rationnel avec l’incendie. M. Berg s’étend un peu sur le sujet de cet échantillon, avant d’ajouter que c’était une erreur d’échantillonnage : c’est un support en plomb qui a été gratté. Comment noyer le poisson…

Donc selon la Dreal, ni suies, ni métaux, suite à la catastrophe. Pour les HAP, c’est moins clair.

Sur la dioxine, il y a eu plusieurs campagnes de prélèvements successives :

La première, réalisée par le SDIS, a remonté des valeurs de 0,06 à 0,2 nanogramme / m2.

C’est vraiment du bruit de fond, selon la Dreal. Il n’y a pas de présence de dioxine particulière qui serait liée à l’incendie, dit Patrick Berg.

Une deuxième campagne a été demandée en parallèle à Veritas. Veritas ne détecte pas de dioxine dans les 11 prélèvements qu’il a réalisés.

La Dreal a demandé en 3ème lieu d’aller faire des prélèvements aux endroits où il y avait des signalements visuels de retombées du panache, dans les pays de Forges-les-Eaux et de Buchy. De nouveau, les chiffres sont représentatifs du bruit de fond (de 0,12 à 0,24 nanogrammes / m2). C’est extrêmement faible, dit M. Berg.

La Dreal a alors demandé des prélèvements supplémentaires, pour doublonner les chiffres de Veritas. “En vérité, Veritas a confié ces analyses à un laboratoire qui a un seuil  de valeurs de quantification supérieur à celui d’Ineris”, dit Patrick Berg. Ceux-ci seraient bientôt réalisés.

Il est prévu des campagnes de prélèvement de sols, à 5 cm et 30 cm de profondeur, pour vérifier la présence éventuelle de dioxine, et ils ont demandé à Aair Lichens de prélever des lichens dans la zone du panache, parce que les lichens sont un bio-accumulateur.

Tous les résultats sur la dioxine se révèlent négatifs.

La Dreal n’a pas détecté d’amiante dans l’air.

Suite à l’incendie, les toits en fibrociment des entrepôts de Lubrizol et de de Normandie Logistique ne diffusaient pas d’amiante dans l’air, trois campagnes de prélèvements à 300 m, 800 m et 15 km ont été réalisées, toutes négatives. Les projections de fragments de toiture en fibrociment, contenant de l’amiante, ont été prises en charge par Lubrizol. Tout va bien, vous pouvez retourner vaquer à vos occupations, vous vous êtes inquiétés pour rien. Mais alors : Rien !

Bilan, selon la Dreal, la catastrophe dont nous sommes tous témoins et victimes n’a émis aucune pollution. On aurait brûlé de l’eau que cela aurait eu le même effet.

Vous pouvez retournez dormir, chers amis Rouennais, la Dreal s’occupe de tout, et même du contournement Est qui aurait permis de baisser la pollution pendant cet “incident” ?

A ce propos, le DG de Normandie Logistique, M. Christian Boulocher, était le plus fervent défenseur du contournement Est (avec M. Berg), que ses poids-lourds emprunteraient… Des poids-lourds qui devraient, selon lui, ne plus émettre d’émissions dès 2024. Le dieselgate est passé par là…

Mais pourquoi son entreprise est-elle située au pied du pont Flaubert et de la Sud III, si ce n’est pour les emprunter ? Souhaitent-ils voir la concurrence leur laisser du champ libre sur le contournement Ouest ?

Et les indemnisations dans tout ça ?

Le Préfet n’a pas déclaré la catastrophe technologique, donc les assurances ne marcheront pas.La preuve, il n’y a aucune pollution selon la Dreal.

Mais que faisaient les 4000 tonnes de produits de l’usine Lubrizol voisine dans leurs entrepôts ? Et quels produits ? depuis combien de temps ?

La région a débloqué 5 millions € d’aide pour les agriculteurs, en attendant que Lubrizol et Normandie Logistique remboursent. Il faudra déterminer les responsabilités de l’entreprise qui a déclaré la catastrophe. Lubrizol et Normandie logistique se renvoient la balle sur celui chez qui l’incendie s’est déclaré en premier. C’est le jeu de “je te tiens, tu me tiens, par la barbichette…”, le Préfet a autorisé par deux fois en début et milieu d’année la capacité de stockage de produits dangereux à Lubrizol, Lubrizol stockait 4000 tonnes de produits inconnus et dangereux chez Normandie Logistique. La Dreal a-t-elle contrôlé ces produits chez Normandie Logistique ? Recommandé des mesures ?

Donc, apparemment, c’est une affaire qui concerne en premier lieu Lubrizol, mais aussi Normandie Logistique, et ensuite le contrôle de l’État et des services de l’État.

Mais en attendant, c’est la Région qui indemnise les agriculteurs. Et comme il n’y a eu ni pollution, ni catastrophe technologique déclarée, pas d’indemnisation à priori pour les autres. Fatalitas ! La faute à pas de chance. Et puis y a rien eu.

Suies, métaux, HAP, pas d’amiante, des taux de dioxine normaux. Enfin… 4 fois supérieurs à la normale, mais inférieurs aux seuils légaux…

Selon Le Poulpe :

“Lubrizol abonde grassement au budget de la Métropole Rouen Normandie au titre de la cotisation foncière des entreprises (CFE) ou de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). D’après les informations communiquées par l’intercommunalité, Lubrizol se classe comme le huitième plus gros contribuable pour la première taxe et quatrième pour la seconde. Dans les comptes 2018, à la rubrique « impôts, taxes et versement assimilés », Lubrizol renseigne la valeur de 11 millions d’euros. Une partie de cette somme tombe dans l’escarcelle de la Métropole. Selon notre estimation, basée sur un document du Medef Normandie, le total de la CVAE et CFE versé par Lubrizol se situerait autour de trois millions d’euros chaque année.

C’est un fait, Lubrizol pèse lourd. Et pas question de laisser s’envoler la poule aux œufs d’or.”

 

Une réponse

  1. Francis dit :

    « Air Normandie signale la présence un peu élevée du niveau de particules à Rouen, mais personne ne peut rationnellement rapporter ces particules à l’incendie, c’est plutôt la circulation, qui comme on le sait, en l’absence d’un contournement, est à Rouen extrêmement importante en centre-ville. »
    Ainsi, Monsieur Patrick Berg, maitre d’ouvrage du contournement Est, ignore les données techniques dans le monde du réel.
    Devons-nous lui rappeler les chiffres des déplacements (enquête Ménages Déplacements 2017) : Une part modale (véhicule particulier) de 44.5 % pour des trajets de moins de 3 km et de 60.3 % pour des trajets de moins de 5 km.
    Pourquoi ne pas se souvenir que les émissions de GES augmenteront notamment sur la RD18 E et les quartiers à l’Ouest de Rouen dont les quartiers Flaubert et Lucilline.
    Une augmentation en particulier de 50 000 t de CO2 / an (page 26 et 27 Avis AE*), ce qui signifie également que le niveau de particules, fines et ultra fines, est loin de se trouver solutionné par la réalisation de cette infrastructure de trop.
    Mars 1999, Schéma Directeur de l’agglomération Rouen Elbeuf , phase 2 , pages 34 et 52
    « en revanche, le barreau vers l’A13 tend à augmenter la charge sur d’autres axes : Boulevard industriel, 6ème pont, pont Mathilde. »
    « concernant les espaces urbains centraux : ce scénario, favorise la qualité de vie en ville, mais il peut pénaliser à terme la reconquête et le développement des quartiers ouest de Rouen si le 6 éme pont et Sud III venaient à être trop chargés en trafic. »

    3 février 2016, Avis délibéré de l’ Autorité Environnementale page 25/31-
    Hors secteur d’influence directe de la nouvelle infrastructure, le dossier [Ndr dossier soumis par la Dreal à l’enquête publique ] indique que certaines voiries existantes de l’agglomération connaîtront un accroissement de trafic et des émissions polluantes, notamment de PM10 et de NO2. Une grande partie ouest de l’agglomération sera concernée; en particulier la RN338, le pont Flaubert, le début de l’A150, la rocade Sud et la RD18e entre l’A13 et le rond-point des Vaches ; certains axes d’Incarville au sud le seront aussi. Bien que la circulaire interministérielle précitée du 25 février 2005 ne l’impose pas, l’Ae estime qu’il serait pertinent de procéder à une identification des secteurs où se combineront un accroissement significatif des émissions et la présence de bâtiments à usage de logement ou professionnel, et de définir les mesures de réduction et de suivi adaptées.

    L’avis de l’autorité environnementale a pu s’exprimer sur le dossier de contournement, alors qu’elle n’a pu participer à la décision préfectorale du 25 06 2019 concernant le projet de stockage de la société Lubrizol, en outre sur les considérants suivants :
    • Considérant la localisation du projet au Sud-ouest de la commune de Rouen, et au Nord de la commune de Petit Quevilly sur une parcelle entourée par une zone industrielle et commerciale, des zones d’habitat et une voie ferrée et composée de quelques espaces en friche [Ndr : Quid du futur “écoquartier” en devenir ?] ;
    • Considérant que les modifications induites par ce projet sont traitées dans les études de dangers et les notices de réexamen de l’établissement notamment au regard des risques incendies ;
    • Considérant que ce projet n’engendre pas de nouveaux phénomènes majeurs ;
    • Considérant que ce projet ne modifie pas les rejets atmosphériques émis par ce site industriel et ne peut être à l’origine d’odeurs ;
    • Considérant que le site du projet ne présente pas de sensibilité environnementale particulière et est situé hors de tout corridor écologique répertorié par le schéma régional de cohérence écologique de Haute Normandie ;
    • Considérant ainsi qu’au regard de l’ensemble des éléments fournis et des considérations mises en avant par le pétitionnaire pour la réalisation de son projet, le projet n’apparait pas susceptible d’avoir des incidences notables sur l’environnement et la santé humaine.

    Mais reprenons le schéma directeur de 1999, page 41 et 42 et les conséquences d’une réalisation du projet autoroutier.
    Enfin, le risque industriel est important, en raison de la proximité de plusieurs installations classées.
    Le risque industriel est relativement important, la variante passant à proximité de plusieurs installations classées.

    J’appelle le directeur de la Dreal à se concentrer sur l’urgence.
    Par exemple, fournir des réponses précises à la population, sur les conséquences de court et moyen terme. Notamment après le passage pluvieux de ces derniers jours, les contaminations potentielles peuvent se faire lors des fortes pluies ou pluies répétitives, ce qui favorise le ruissellement et le lessivage des sols et l’infiltration rapide par le karst. Une production de plus d’un tiers des volumes d’eau destinés à la consommation sur la métropole rouennaise, dont 60 % des rouennais, est captée sur les aires d’alimentation des captages (Sur, de part et d’autre du cône de diffusion du panache). Les relevés sur les taux élevés de dioxines au plus près des plus importants drains karstiques doivent amener à une vigilance accrue, sur le court, moyen et long terme.

    *Le dossier fait état d’émissions de gaz à effet de serre augmentées d’environ 50 000 tonnes de CO2 par an.
    Ce chiffre est tout à fait considérable, puisqu’il correspond environ au total des émissions de gaz à effet de serre annuelles de 8.000 personnes en France. L’Ae ne peut que s’interroger, comme elle l’a déjà fait, sur la cohérence entre d’une part les engagements de la France, tel le facteur 4, réaffirmé par l’article premier de la loi de transition énergétique, et d’autre part le scénario de référence utilisé pour l’évaluation, ainsi que ce chiffre traduisant l’effet propre du projet.
    L’Ae souligne en outre que ce chiffre ne prend pas en compte les émissions supplémentaires susceptibles d’être induites par le projet via une périurbanisation supplémentaire.
    L’Ae relève que le dossier ne présente pas de mesures de réduction ou, le cas échéant, de compensation de ces impacts, pourtant prévues par l’article R.122-5 du code de l’environnement.

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